vendredi 6 mars 2009

Témoignage de Fiore

Fiore était un détenu méditant en Italie et au début un peu sceptique.

Sahaja Yoga est enseigné dans deux prisons en Italie. Dans la prison de Velletri, Sahaja Yoga a commencé grâce au soutien du « Garant des droits des prisonniers », un service du Ministère de la Justice qui existe dans quelques pays dont l’Italie et l’Espagne. Fiore, (c’est un homme), nous raconte ici ses premières séances de Sahaja Yoga et l’impact qu’elles ont eues sur lui.


« Le 15 septembre 2005, j’ai été transféré à la section de haute sécurité de la prison de Velleri près de Rome pour ma dernière année de prison. J’ai un passé très agité avec plus de vingt ans au total.

C’était la mi-octobre, quand un après-midi en rentrant de promenade en compagnie d’un « collègue », nous avons remarqué des nouveaux avis affichés. Un cours de Sahaja Yoga était proposé. Les personnes intéressées devaient transmettre une demande spéciale à l’éducatrice.

Tout de suite nous avons décidé de transmettre notre demande, parce que cela nous apporterait sûrement des avantages : ceux de sortir davantage de sa cellule et de vivre une nouvelle expérience.

Nous nous sommes demandé s’il y allait avoir une sélection. : on s’attendait à un afflux de personnes. Une semaine plus tard, l’agent de la section est venu nous appeler dans la cellule pour aller au cours de Sahaja Yoga.

Nous sommes entrés, un peu curieux, et avons vu trois nouveaux visages avec l’éducatrice et le Garant des détenus. Comme d’habitude, nous nous sommes présentés, on était une vingtaine à peu près, pendant que l’éducatrice marquait les présences. Ces trois nouveaux visages étaient ceux de Daniela, Lucio et Papik.

J’ai été attiré alors par une illustration : à première vue, il pouvait s’agir d’un Bouddha, avec des mots orientaux et des chiffres.

Lucio, une personne de belle allure, à la tenue soignée, les cheveux gris, d’environ 58 ans, présenta cette nouvelle expérience, la première dans les prisons italiennes, autorisée par le Ministère. Ceci grâce à l’intervention du Garant des détenus à qui nous avons fait un signe de remerciement.

Après cette présentation, Lucio a soudain ressenti un nœud à la gorge et n’arrivait plus du tout à parler. Je lui ai alors demandé si c’était la première fois qu’il franchissait le seuil d’une prison et se trouvait face à des personnes telles que nous.

Ensuite, plusieurs d’entre nous se sont présentés et étaient des Napolitains : tout de suite il a souri et a précisé qu’il était aussi d’origine napolitaine. Il nous a aussi indiqué les origines de Daniela et de Papik, dont les yeux ont commencé à briller car ils se sentaient acceptés. C’est ainsi que nous avons commencé à lier des liens amicaux, en parlant de nos origines : les Napolitains, les Calabrais, les Siciliens et un Albanais. L’atmosphère s’est ensuite détendue.
Lucio a commencé à expliquer l’illustration qui représente les trois canaux de notre système subtil. Tout cela était inconnu pour Giorgio et moi.

Puis ils ont décidé d’entrer dans le vif du sujet et nous ont proposé de les suivre dans la méditation. Lucio nous a invité à fermer les yeux, à nous détendre et à ne rien penser : si les pensées venaient, il fallait les laisser glisser. Si les pensées étaient mauvaises, leur dire « non » et demander à la mère Kundalini de les éliminer.

Pendant ce temps, on les regardait du coin de l’œil. On se regardait aussi les uns les autres et la chose la plus difficile a été de ne pas éclater de rire.
Nous avons réussi à nous retenir d’éclater de rire, et j’ai commencé alors à les observer. Leurs visages étaient détendus, leurs pieds déchaussés, ils avaient l’air léger et tranquille. J’ai pensé à l’impact qu’ils pourraient avoir sur la prison.

Lucio nous a alors demandé de suivre Papik pour lever notre Kundalini et de mettre l’attention sur nos sensations.
Après l'exercice, incrédules, nous nous sommes regardés en comparant nos sensations. Daniela, Lucio et Papik nous ont demandé de rester en méditation.

A la sortie, nous sommes restés dans le couloir à échanger nos impressions.
Quelques-uns se sont ouvertement moqués de la leçon alors que d’autres étaient intéressés. Pourtant, quelque chose venait de nous arriver.

Mon camarade de cellule avait l'habitude de s'absenter le matin pour aller à la promenade dans la cour ; j'en ai profité pour méditer, et cela a été pour moi comme une auto psychothérapie.

A la 2ème séance, la semaine suivante, nous nous sommes rendu compte qu’un seul avait renoncé et que d’autres détenus s'étaient rajoutés dont Janson d'origine Nigérienne, profondément religieux.

Nous avons remarqué en outre la photo d'une dame avec des yeux profonds et un sourire jusqu’aux oreilles. Au centre du front un cercle de quelque centimètres, recouvert de rouge.

Papik a réglé le volume de la douce musique orientale. Lucio nous a parlé de la valeur du feu, de l'eau, de la terre et de l'air, les 4 éléments essentiels de la vie ; ils composent notre corps et le bain de pied d’eau salée nous apporte beaucoup de bien-être.

Il nous a ensuite parlé de Shri Mataji Nirmala Devi. Puis nous sommes passés à la méditation ; à la fin de la méditation, extasiés, nous avons ouvert les yeux et surpris, nous nous sommes regardés : sur tous les visages on lisait une certaine sérénité.

Quelques-uns sentaient de la chaleur sur les paumes des mains; d’autres une brise légère sur la fontanelle; d’autres avaient des fourmillements aux doigts ; et quelqu'un s’est senti pénétré par une sensation légère de bien-être intérieur.
A la fin de la séance, Daniela nous a remis une petite photo de Shri Mataji.
Les jours suivants, j’ai rajouté le bain de pieds à la méditation et j'ai essayé de lever ma kundalini.

Je me suis rendu à la 3ème séance. Après les salutations, Lucio souriant, nous a demandé quelles évolutions nous avions ressenti pendant ces premières rencontres.
Augusto et Maurizio ont commencé à parler de leur bien-être intérieur.

Quelques-uns ont expliqué qu’il nous devenait impossible de continuer la leçon en cellule, parce qu'on se moquait de nous. Papik nous a dit alors qu'il avait trouvé chez lui le même problème.

Lorenzo est venu nous rendre visite un jour, pour remplacer Papik. Je l'ai observé : comme Daniela, Lucio et Papik il avait un aspect radieux, fier, et transparent. Cela se voyait qu’il était content de se trouver au milieu de nous.

Il s’est encore passé quelques semaines et on a commencé à pratiquer l’introspection. Je ne remarquais plus en moi une certaine anxiété, je me sentais serein, mieux avec moi même et les autres. J’ai commencé à affronter de manière positive les difficultés et les journées sont devenues pour moi de plus en plus colorées.
Et je pensais que j'avais amélioré mon état d'âme et atteint un certain équilibre intérieur grâce à la méditation.
C’est même grâce à cela que j’ai pu aider mon co-détenu à écrire une lettre de demande de liberté conditionnelle. J’y ai passé plusieurs heures, mais je l’ai fait avec joie. Quelques mois plus tard, il a eu une réponse positive et m’a remercié en pleurant. Cela a été un très beau moment.

Mon témoignage veut être aussi un remerciement pour Daniela, Lucio, Papik et Lorenzo ; également pour le Garant des détenus et pour l'éducatrice qui ont permis cette initiative.

Et je termine avec deux phrases de Shri Mataji Nirmala Devi que j’ai faites miennes quand Daniela nous en a fait cadeau avec l'espoir qu’elles s'enracinent dans le coeur de tous:
« DANS CES TEMPS DIFFICILES UNISSONS-NOUS ET TRAVAILLONS ENSEMBLE POUR UN MONDE MEILLEUR FAIT DE PAIX, D’AMOUR ET DE JOIE.
LE TEMPS DE LA RENAISSANCE INTÉRIEURE EST ARRIVÉ »

Fiore, Italie, décembre 2005
publié par sahaja yoga en prisons

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